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le 19 octobre 2016

Quel est le potentiel sismogène de la subduction des Petites Antilles du Nord ?

Pourquoi aucun séisme majeur ne s’est produit depuis deux siècles dans le segment des Petites Antilles du Nord ?


Les zones de subduction génèrent 90% de l’activité sismique, ainsi que la quasi-totalité de séismes de très forte magnitude (Mw >8) et des tsunamis du globe. Ces subductions représentent donc pour les zones côtières généralement densément peuplées, l’un des risques naturels les plus dévastateurs ! Les Petites Antilles sont directement soumises à ce risque, en raison de la subduction des plaques Nord et Sud Amérique sous la plaque Caraïbes. Par ailleurs, cette subduction engendre une intense déformation qui génère des failles sismiquement actives dans la plaque supérieure, la marge des Antilles, et en particulier dans l’archipel Guadeloupéen.

Vue 3D de l’imagerie bathymétrique et sismique acquise au cours de la campagne  Antithesis 3

 

L'activité de recherche menée à terre comme en mer, par l’Université des Antilles et ses partenaires des Universités de Nice, Montpellier, Brest, Paris, et de l’Ifremer, a permis d'acquérir une bonne connaissance géologique des Petites Antilles du Sud, de la Guadeloupe à la Barbade, et des Grandes Antilles. En revanche le segment des Petites Antilles du Nord, de la Guadeloupe aux Iles Vierges reste encore mal connu, avec très peu de données de géophysique marine enregistrées jusqu'à présent.

Le projet de recherche ANTITHESIS (ANTIlles THErmicité SISmogenèse) consiste à étudier en 3 dimensions la structure, la sismologie et les caractéristiques thermo-mécaniques de la zone de subduction et de la marge des Petites Antilles du Nord. Ces recherches sont conjointement menées par Boris Marcaillou (Geoazur, Nice), Frauke Klingelhoefer (Ifremer), Jean-Frédéric Lebrun (Université des Antilles) et David Graindorge (Université de Bretagne Occidentale) et ont reçu un soutien financier de la part de la Région Guadeloupe, du CPER-FEDER Martinique, de l’Institut des Sciences de l’Univers, de l’Université des Antilles et du Centre de Données Sismologiques des Antilles. Les acquisitions se déroulent en dehors du sanctuaire AGOA et les mesures les plus avancées sont mises en œuvre à bord, pour protéger les mammifères marins.

Les scientifiques poursuivent plusieurs objectifs :

  • déchiffrer les caractéristiques de la déformation tectonique de cette transition entre la subduction des Petites Antilles et les décrochements des Grandes Antilles,
  • améliorer la relocalisation géographique des séismes,
  • éclairer la question des causes et des mécanismes des grands séismes de subduction.

 Pour ce faire une équipe de scientifiques appartenant à 10 instituts et universités de recherche métropolitains et Caribéens ont réalisé 5 campagnes océanographiques, totalisant 77 jours de mer entre 2013 et 2016.

Plusieurs stages de Master et Thèses permettront d’améliorer la connaissance de l’histoire tectonique de nos archipels et des risques associés aux zones de subduction. L'enjeu consiste notamment à comprendre pourquoi aucun séisme majeur ne s’est produit depuis deux siècles dans le segment des Petites Antilles du Nord contrairement aux segments voisin et si cette absence de relaxation de l’énergie accumulée est le signe d’un évènement majeur à venir.